PECHE A LA SARDINE |
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La pêche de petits poissons pélagiques est une activité très ancienne de la côte Basque, puisqu'elle est attestée dès le 1er siècle avant J-C. Mais la sardine n'apparaît pas sur les listes des prises avant le seizième siècle. Ce poisson, commun, saisonnier, et de rapport, n'a longtemps intéressé que les pêcheurs de Fontarrabie. |
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Au dix-huitième siècle, leurs chaloupes accostent souvent sur la plage de Saint-Jean-de-Luz, où les poissonnières leur achètent la sardine pour aller la revendre alentour, et jusqu'à Bayonne. Vers 1740, un pêcheur de Fontarrabie invente un nouveau type de filet, d'une efficacité accrue. Les apports viennent à dépasser les besoins du pays, et les poissonnières de Saint-Jean-de-Luz s'avisent d'en faire des salaisons. En 1749, Saint-Jean-de-Luz compte vingt-deux conserveries. L'Intendant de Bayonne incite les marins de Saint-Jean-de-Luz et de Ciboure à pêcher eux-mêmes la sardine. |
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De la baleine à la sardine |
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Pourtant, au départ, les armateurs luziens sont réticents, car, à leurs yeux, la seule pêche noble et traditionnelle est celle de la baleine. Mais, à cette époque, les armements baleiniers et morutiers luziens sont affaiblis par la guerre de Succession d'Autriche qui a décimé les équipages réquisitionnés, par les restrictions ou interdictions d'accès à leurs lieux de pêche du Canada et du Spitzberg, et par les concurrences étrangères. La sardine apparaît, dans ces conditions, comme une voie de reconversion. |
Les sardines de la colère |
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La pêche à la sardine prend un tel essor que les marchands de morue tentent d'interdire l'accès du port aux sardiniers par tout les moyens. En 1765, ils écrivent au ministre de la marine que, si rien n'est fait, "le Royaume sera infesté de sardines". Ils soulignent en outre que, jusque là, aucun navire luzien ne s'était abaissé à pêcher un si petit poisson. L'affaire est tranchée en 1778 par le ministre de la Marine, qui accorde la liberté totale de pêche et l'égalité de législation pour l'une et l'autre espèce. En 1784, les États de Bretagne accusent les Basques de faire entrer sur le sol français de la sardine étrangère : ils demandent que soit retiré à la province du Labourd le privilège de franchise dont elle jouissait sur les droits d'entrée de ces poissons. |
Durant les
guerres de la Révolution et de l'Empire (1793-1815 ),
la pêche à la sardine périclite,
principalement par cause du manque de marins. Par la suite,
elle n'est plus pratiquée que par quelques
trainières de Socoa. Elle ne renaît qu'avec
l'arrivée de réfugiés des guerres
carlistes, dont la plus part sont originaires de Fontarrabie
et de Bermeo. Ces nouveaux venus semblent aussi être
à l'origine de l'introduction de la vapeur qui va
détrôner les anciennes trainières. En
1886, l'armement Letamendia lance le premier sardinier
à vapeur, "Les Trois Frères". En 1914, on en
recense quinze en service à
Saint-Jean-de-Luz.
Dernières
trainières, premiers vapeurs
De 1901
à 1909, la pêche à la sardine
connaît une crise de production sans
précédent, due à sa raréfaction.
La production française tombe de trente-deux mille
tonnes en 1901 à huit mille en 1902. La
première conserverie à l'huile est construite
à Ciboure en 1917. A cette époque, les
pêcheurs de Fontarrabie inventent un filet tournant,
plus long et plus perfectionné que ses contemporains
: la "bolinche". Les luziens, au vue des résultats,
s'essaient à cette nouvelle technique. Mais certains
craignent qu'elle ne fasse fuir le poisson ou que le stock
s'épuise. A partir de 1922, et malgré la
colère des Arcachonnais, les luziens obtiennent une
dérogation pour utiliser la bolinche dans une zone
s'étendant de Contis (Landes ) à la
frontière espagnole. En 1930, les
premiers moteurs diesels font leur apparition sur les
sardiniers. Cette pêche va alors vivre un formidable
boom économique. Jusqu'en 1949, Saint-Jean-de-Luz est
le premier port sardinier de France, avec une production
annuelle moyenne de trois mille tonnes. Mais en 1950, une
disparition quasi complète de la sardine et de
l'anchois du golfe de Gascogne provoque l'effondrement de
cette pêche, déjà
détrônée par une autre : la pêche
au thon à l'appât vivant.
La bolinche :
une révolution
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