HISTOIRE
DES PECHES
BASQUES

PECHE
A LA MORUE
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La morue, ou
cabillaud, était communément
pêchée et salée par les anciens peuples
nordiques, et notamment par les vikings. Dès le
moyen-âge, elle est convoitée par d'autres
peuples marins, parmi lesquels les Basques qui l'exploitent
au large de l'Ecosse. Ce poisson généralement
très abondant offre une base alimentaire et
commerciale intéressante, s'appuyant entre autres sur
les jeûnes imposés par l'église. Un
traité signé en 1354 entre le roi d'Angleterre
et le roi de Castille, Comte de Biskaia, reconnaît aux
Biscaïens le droit de pêche sur les côtes
anglaise et Bretonnes. Bayonne, alors sous domination
Anglaise, possède les mêmes droits sur la
pointe de Bretagne et sur l'archipel de Guernesey. Il est
probable qu'il s'agissait de pêche d'une espèce
proche, comme le lieu jaune, plus abondant que la morue dans
ces parages.
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Les Basques,
armant des navires de haut-bord et commerçant
régulièrement avec les peuples du nord de
l'Europe ont pu avoir connaissance des routes maritimes
parvenant à Terre-Neuve via l'Islande et le
Groenland. Ils ont aussi participé à
l'évolution des techniques nautiques : nouveaux types
de construction navales, amélioration du
gréement, introduction du gouvernail
d'étambot, développements d'instruments de
navigation, ...
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Sur les
côtes sud et ouest de Terre Neuve, de l'Acadie et du
Saint-Laurent, pendant près de quatre siècles,
les Basques pratiquent essentiellement la pêche
"sédentaire ", c'est-à-dire que la morue est
capturée près des côtes, et salée
puis séchée à terre.
On l'oppose à la pêche " errante " ou "
à la morue verte ", uniquement salée,
spécialité des ports de Normandie ou du
Poitou... Jusqu'au dix-huitième siècle au
moins, des navires baleiniers sont armés
parallèlement aux morutiers.
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Peu connue au
Moyen-âge, la morue devient, grâce aux
pêches lointaines, le poisson le plus consommé
de France, aux dépens du hareng, le roi des poissons
de l'époque. Dès la fin du seizième
siècle, de nombreuses communautés maritimes
exploitent les bancs de morues de l'Atlantique nord-ouest :
Picards, Normands, Bretons, Vendéens, Rochelais,
Bordelais, Portugais, et plus tardivement Anglais. Les
Basques des provinces du Labourd, de Guipuzkoa et de Biscaye
pratiquent cette pêche en même temps que la
chasse à la baleine.
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Au
seizième siècle, le développement
maximal de cette pêche donne un essor important
à l'économie locale.Bien que troublées
par des incursions, anglaises notamment, les relations des
Basques avec les indigènes de Terre-Neuve et du
Canada sont excellentes.
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L'inquisiteur
Pierre de Lancre, qu'on ne peut taxer de sympathie pour les
Basque, écrit en 1590 : " les Basques y trafiquaient
si bien que les Canadois ne traitaient parmi les
Français qu'en d'autre langue que celle des Basques
".
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Au
dix-septième siècle, le port de Saint Jean de
Luz prend de l'importance grâce aux grandes
pêches lointaines. Mais la concurrences des
Français et des Anglais se fait de plus en plus
forte. Après le traité d'Utrecht (1713) qui
prive la France de l'Acadie et de Terre-Neuve au profit des
Anglais, les pêcheurs Basques se tournent vers
Louisbourg et l'île Royale. Les armements s'y
maintiennent tant bien que mal au dix-huitième
siècle, en particulier grâce à des
primes offertes par l'Etat : on y compte vingt-six morutiers
luziens ou cibouriens en 1738. Mais la concurrence
britannique devient aiguë, en particulier sur le
marché espagnol. En outre, la guerre de Succession
d'Autriche (1740-48 ), puis la prise de Louisbourg et de
l'île Royale portent un coup sévère
à cette activité . Il faut attendre la fin de
la guerre de Sept Ans (1763 ) pour assister à un
véritable renouveau, jusqu'à la
révolution. Le traité de Versailles à
la fin de la guerre de l'Independance américaine
(1783 ) redonne à la France Saint-Pierre et Miquelon
et le droit de pêche à
Terre-Neuve.
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Au début
du dix-neuvième siècle, la flotte du Pays
Basque est dans un état de ruine presque
générale. La pêche continue, mais dans
des dimensions moindres, souffrant de pénurie de
bateaux et de marins. A partir de 1840, la plupart des
morutiers traitent le produit de leur pêche dans les
sécheries de Saint-Pierre et Miquelon. Les armateurs
eux-mêmes commencent à armer leurs bateaux
à partir de Saint-Pierre. Pendant la deuxième
moitié de ce siècle, la famille
Légasse, fondatrice de la compagnie " la Morue
française ", permet la poursuite de cette
pêche, à partir de ces dernières
possessions en Amérique du nord. Le navire le plus
communément utilisé est le trois-mâts
goélette dorissier, introduit par les
Fécampois. Le dernier morutier à voile de
cette compagnie, qui a des attaches au Pays Basque par
l'origine de ses armateurs, disparaît à
Marseille en 1945 : le quatre-mâts " Zazpiak Bat " est
détruit par un incendie.
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La fin du
dix-neuvième siècle et le début du
vingtième voient disparaître l' importance
économique et sociale d'une industrie
morutière jusque là florissante. Le
remplacement des voiliers par les chalutiers ne modifie pas
cette situation. Même après 1945,
l'arrivée d'une flotte moderne de bateaux chalutant
par l'arrière ne peut enrayer la disparition
graduelle de la grande pêche, mise à mal une
fois de plus par la concurrence étrangère et
le nouveau droit de la mer, mais aussi par les fluctuations
des stocks ou encore les changements des goûts des
consommateurs.
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