HISTOIRE
DES PECHES BASQUES

LA
CHASSE A LA BALEINE
|
Les harpons en
os en bois de rennes découverts dans la grotte de
Lumentxa à Lekeitio (Pays Basque sud)
révèlent la pratique de la pêche depuis
des temps immémoriaux chez les
Basques.
|
Quand ont-ils
commencé à chasser la baleine ? Nul ne peut en
préciser l'époque exacte. Toutefois, les
armoiries et les sceaux des villes côtières
(Biarritz, Guéthary, Hendaye, Fontarrabie, Getaria,
Motriko, Bermeo...) nous montrent de frêles
embarcations poursuivant le monstre marin, harponné
par un gaillard placé à la proue.
Ces armoiries attestent à quel point la baleine a
imprégné la société et la
culture basque.
|
|
L'activité
baleinière
|
Dès le
IXème siècle, forte des connaissances sur les
techniques de construction et de pêche
apportées par les Vikings, la chasse à la
baleine s'organise.
|
La côte
est jalonnée de huttes et de tour appelées
"atalaiak" d'où les guetteurs postés signalent
l'approche des baleines. Lorsque l'une d'elle est
repérée, s'ensuit une course acharnée
de légères embarcations à rames entre
les pêcheurs des ports environnants. La
première barque de type "pinaza" qui harponne
ramène la prise à son port. Il règne
alors une intense animation autour des fours, près
des dépeceurs, coupeurs de lard, tonneliers et autres
spécialistes.
|
|
La baleine
devint un pilier important de l'économie du Pays
Basque, si bien qu'aux XIIIème et XIVème
siècles, lorsqu'elle commença à se
raréfier à proximité de la côte,
les pêcheurs allèrent la chercher plus loin
vers le cap Finistère, aux Asturies et en Gallice
(1371).
Ces campagnes difficiles qui duraient 3 à 4 mois
aguerrirent les basques à la pêche au loin. Le
besoin de subsistance les y poussait plus que l'attrait
aventurier, leur vie étant très rude. L'emploi
de la boussole au XIV siècle permit à nos
pêcheurs armant des naos, vaisseaux à 2 ou 3
pont, d'aller dans les eaux du Grand Nord, à Terre
Neuve, au Labrador, au Groenland, au Spitzberg. En 1412 une
chronique islandaise signale une flottille de 20
bâtiments Basques équipés pour la chasse
à la baleine du Groenland qu'ils nomment "sardako
balea" parce qu'ils la trouvent en troupeau. Ces deux types
de cétacés ont la particularité, due
à leurs quantité conséquente de
graisse, de flotter une fois morts et d'être ainsi
plus facile à remorquer.
|
Le XVI
ème siècle, avec ses campagne de Terre Neuve
et dans le Grand Nord, marque l'apogée de la chasse
à la baleine chez les basques.
Imaginez l'intendance de pareilles expéditions ! Les
naos mettent environ 1 mois pour rejoindre les côtes
de Terre Neuve. La campagne durant pratiquement 6 mois, les
navires partent chargés en approvisionnement,
armements, matériels de pêche et de
transformation, barils, briques et tuiles pour construire
les fours, sans oublier le cidre et la coutellerie servant
pour les échanges dans le commerce et les relations
avec les tribus autochtones (Micmacs, Algonquins, Montagnais
...).
|
|
En 1525
à Pasajes, 41 naos arment pour la campagne à
Terre Neuve avec 1475 hommes d'équipage et 295
chaloupes. Avec une moyenne d'environ 8 à 10 baleines
tuées par campagne,les baleiniers aux barils pleins
d'huile rentrent au pays avant que l'hiver rigoureux de ces
contrées ne les paralyse. En 1577, bloqués par
les glaces polaires d'un hiver précoce, 540 hommes,
dont 17 originaires de Zarautz, périssent. Durant
l'hiver, les indiens entretiennent les chaloupes des basques
jusqu'à la prochaine saison.
|
Le
déclin
|
harponneurs
hollandais
harponneurs
basques
|
Pendant ce
temps, les anglais et les hollandais, mesurant tout
l'intérêt de cette pêche mais n'en
maîtrisant pas la technique, firent appel au savoir
faire et à l'instruction des marins basques (1576,
1611, 1612). Ainsi, des harponneurs, des dépeceurs,
des maîtres de chaloupe, des coupeurs de lard basques
furent recrutés par des compagnies anglaises,
hollandaises et anglo-russe. Ceci entraîna la perte du
monopole des basques...
|
|
La concurrence
des anglais et des hollandais fut telle qu'il devint
extrêmement difficile aux Basques d'approcher des
côtes de Terre Neuve pour y fondre la graisse. En 1635
, le capitaine Martin Sopite de Ciboure inventa un
procédé pour fondre la graisse à bord
des navires.
|
Cependant, le
déclin de la chasse à la baleine pour les
basques était bien amorcé : à la fin du
XVII ème siècle, en 1672, seulement 16
baleiniers partent du Labourd pour la campagne de Terre
Neuve et du Spitzberg.
En 1713, le traité d'Utrecht et en 1783 le
traité de Versailles limitèrent tellement les
zones de pêche que les basques perdirent l'habitude
d'armer à la baleine.
Le XIXème siècle ne nous a légué
que le nom de Jean-Louis Anchochoury de Ciboure (1804-1882)
comme étant l'un des derniers harponneurs.
Le 14 mai 1901, les pêcheurs d'Orio harponnent et
capturent une baleine dans leurs eaux, c'est la
dernière baleine harponnée par les basques
avec leur système millénaire.
|
retour en haut de page 